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Deuxième simulation de désastre à l’Université de Moncton :
45 futurs infirmiers mobilisés
Comment les étudiants en science infirmière sont-ils préparés à réagir vite et bien en toutes circonstances, même les plus complexes ? Pour le savoir, nous avons suivi la simulation de désastre organisée le 27 février dernier, à l’Université de Moncton avec Marie-Josée Guérette, coordonnatrice de la collaboration interprofessionnelle, et organisatrice de l’événement.

Une explosion a retenti ce matin, à 9 h 30 sur le campus de Moncton, au laboratoire de l’École de science infirmière ; 17 blessés ont été évacués et immédiatement pris en charge par les étudiants déjà sur place… Pas de panique : en réalité, tout le monde se porte très bien ! Il s’agissait d’une simulation de désastre, organisée par l’Université de Moncton pour ses étudiants en 4e année de science infirmière et en médecine.

Éprouver un sinistre en conditions sécurisées
Trois sessions de 20 minutes ont eu lieu en une matinée, mobilisant au total 17 figurants, 10 maquilleurs professionnels, et une soixantaine d’étudiants, dont 45 futurs infirmiers et infirmières et 9 médecins en formation, sous le regard attentif de plusieurs de leurs professeurs : André Touchburn, médecin et urgentologue, Anik Dubé, professeure en science infirmière , Julie Boudreau, chargée d’enseignement clinique et Benoît Morin, qui jouait l’un des blessés pour observer la scène de l’intérieur. Marie-Josée Guérette, coordonnatrice de la collaboration interprofessionnelle, et organisatrice de l’événement, explique : « Cet exercice grandeur nature a lieu maintenant chaque année, depuis 2 ans. Pour les étudiants en science infirmière, il fait écho à l’Unité académique 39, autrement dit à toutes les compétences qu’ils doivent désormais maîtriser en cas de désastre ».

Une mise à l’épreuve des compétences clés
Pour les futurs infirmiers et infirmières, l’exercice consiste à organiser un centre de triage, et à pratiquer les techniques d’évacuation des personnes traumatisées, les divers soins infirmiers d’urgence, ainsi que les immobilisations avec des attelles et des bandages.

Suivent ensuite 40 minutes de débriefing avec les professeurs, pour que chaque étudiant puisse prendre du recul sur les difficultés rencontrées et les décisions prises : « Ce moment de réflexion est très important pour ancrer les enseignements de l’expérience », souligne Marie-Josée Guérette.

L’expérience n’est pas notée, mais a pour objectif de confronter les étudiants à eux-mêmes, à leur façon de réagir en cas de sinistre - en conditions sécurisées. André Touchburn précise : « Même s’ils n’auront pas tous les jours à intervenir dans des catastrophes de cette ampleur, ils devront en revanche faire preuve au quotidien de sang-froid, d’organisation, d’un sens des priorités, d’esprit d’équipe, d’initiatives, et d’une excellente capacité à communiquer tant avec les patients qu’avec d’autres professionnels (médecins, ambulanciers, travailleurs sociaux…). Autant de compétences et de qualités que ce type d’exercice permet d’éprouver vraiment ! »

La communication interprofessionnelle : une nécessité
Pour les étudiants au baccalauréat en science infirmière, ce sinistre organisé constitue le point final de quatre années de préparation intensive à la profession : « Depuis leur première année d’études, ils acquièrent les savoir, les savoir-faire et les savoir-être qui feront d’eux des professionnels de terrain. Outre l’apprentissage des techniques indispensables, ils développent leur sens de la communication interprofessionnelle, en suivant des cours avec des étudiants de spécialités différentes ; ils ont aussi à cœur de comprendre le patient et de se faire comprendre de lui en parlant la même langue, sans faire usage de jargon médical. »

Un scénario qui s’enrichit chaque année de nouveaux regards professionnels
Très appréciée des étudiants, l’expérience suscite de l’engouement au sein de l’Université : chaque année, le scénario catastrophe s’enrichit, pour permettre à des étudiants inscrits dans d’autres programmes d’éprouver leurs compétences, et de développer leurs capacités à travailler avec d’autres professionnels : « À son lancement il y a deux ans, l’expérience mobilisait seulement les étudiants en science infirmière », se souvient Marie-Josée Guérette. « L’année dernière se sont ajoutés les étudiants en médecine. Cette année, dans un esprit d’amélioration continue, nous avons invité Renée-Danielle Boulay, coordinatrice de qualité clinique pour Ambulance NB, qui a conseillé les étudiants sur la meilleure manière de communiquer en quelques secondes l’état de chaque blessé au personnel ambulancier. Nous avons également fait appel à une équipe de travailleurs sociaux, dans l’objectif de permettre à des étudiants de ce programme de participer à cet événement dès l’année prochaine ! Eux aussi jouent un rôle très important dans les situations de désastre, en rassurant les patients et les familles… »

Chronique d’un (faux) sinistre maîtrisé !
Retour en arrière : nous avons suivi deux équipes d’étudiantes et d’étudiants en science infirmière, lors de la simulation de désastre organisée au Pavillon Jacqueline-Bouchard de l’Université de Moncton : l’une à l’évacuation, l’autre au centre de triage. Reportage.

9 h 30 – Une épaisse fumée envahit le laboratoire de l’École de science infirmière de l’Université de Moncton. Quelque chose – peut-être une bombe ? – vient d’exploser. Dans la lumière vacillante des néons, c’est la panique : certains, le regard perdu, avancent dans le brouillard qui commence à se dissiper ; d’autres sont étendus sur le sol et appellent à l’aide. Les secours ont été prévenus, mais n’arriveront pas avant plusieurs minutes…

« Pour jouer le rôle des blessés, nous avons fait appel à deux comédiens professionnels, à un professeur, Benoît Morin, et à 14 jeunes (1), sélectionnés notamment pour leur intérêt pour la santé ou l’art dramatique. Une bonne façon pour eux de découvrir la profession en pleine action », précise Marie-Josée Guérette. Tous ont été préparés par une équipe de maquilleurs professionnels, qui sont allés jusqu’à poser à certains de fausses blessures en latex et silicone pour un effet plus vrai que nature !

9 h 33 – Les 20 étudiants présents sur les lieux s’organisent et mettent en place les mesures d’urgence.
Une dizaine d’entre eux commencent à procéder à l’évacuation des blessés, pendant que l’autre équipe prépare un centre de triage dans une zone sécurisée. Il faut faire vite : les bombonnes de gaz présentes un peu partout menacent d’exploser à tout moment.

9 h 34 - Les blessés en état de marcher sont les premiers à être évacués vers le centre de triage. Ceux qui gisent sur le sol sont rapidement examinés, avant d’être transportés. Marie-Josée Guérette explique : « S’il s’était agi d’un sinistre réel, les pompiers auraient été les premiers sur les lieux. Ici, pour les besoins de l’exercice, leur rôle est joué par les étudiants en science infirmière. Nous avons souhaité leur ouvrir les yeux sur le travail réalisé en amont du leur, tout en les confrontant à la priorisation des actions, et à la prise de décisions d’urgence. »

9 h 35 – Dans la zone de triage, l’équipe médicale a eu juste le temps de procéder au contrôle du matériel quand arrivent les premiers blessés. Certains toussent ; d’autres crient ; d’autres, encore, se taisent, et paraissent choqués. À ce stade, chaque minute compte. Il faut analyser les situations, poser aux patients les questions importantes dans leur langue, et les classer selon le degré de gravité de leur état en se servant du système START : une étiquette verte pour ceux qui peuvent recevoir un traitement dans les 3 heures, une étiquette jaune pour ceux qui doivent être pris en charge dans l’heure, et une étiquette rouge pour les blessés graves qui doivent recevoir des soins dans l’immédiat. Un code reconnu.

9 h 39 – Les équipes s’affairent auprès des cas « jaunes » et « rouges », posant tantôt des cathéters, tantôt des attelles de fortune avec les moyens du bord : un morceau de carton, un foulard et le tour est joué ! « Cet exercice apprend aux étudiants à agir vite, à improviser intelligemment, à travailler ensemble, et à ne pas s’attarder sur chaque blessé. L’objectif est de tous les examiner en un minimum de temps, et d’apporter les premiers soins lorsque cela est nécessaire. »

Au bilan, l’exercice aura duré 20 minutes avant que l’arrivée de l’ambulance soit annoncée. Les étudiants vont maintenant dresser un bilan de l’activité pendant 40 minutes avec leurs professeurs, qui les ont observés tout au long de la simulation. Un moment privilégié pour analyser à froid leurs réactions, et trouver au besoin de meilleures alternatives.

(1) 7 jeunes de l’école secondaire Mathieu-Martin (Dieppe) et 7 jeunes de l’école secondaire L’Odyssée (Moncton).