Pourquoi devient-on infirmière praticienne ou infirmier praticien ? Qu’est-ce qui pousse à poursuivre ses études au-delà d’un bac en science infirmière ? Rencontre avec Mélissa Daigle-Richard, Mélanie Desjardins-Bard et André Robichaud : depuis qu’ils exercent leur profession, ils n’ont cessé de gagner en reconnaissance et en responsabilités… Ils témoignent.

Je voulais apporter un suivi plus approfondi aux patients.
- André Robichaud
Quand avez-vous décidé de devenir infirmières praticiennes et infirmier praticien ?
- André Robichaud
Quand avez-vous décidé de devenir infirmières praticiennes et infirmier praticien ?
Mélissa Daigle-Richard : J’ai eu le déclic pendant que j’étudiais au baccalauréat en science infirmière. Lors d’un de mes stages à l’international, j’ai rencontré une infirmière praticienne. Elle avait plus de responsabilités que les infirmières et infirmiers : elle pouvait établir des diagnostics, prescrire des traitements, conseiller ses patients… J’ai compris que c’était ainsi que je voyais la suite de ma carrière ! J’ai donc continué mes études et j’ai terminé ma maîtrise en 2010. Je suis infirmière praticienne depuis 2011. Aujourd’hui, mon bureau est associé au Réseau de santé Vitalité ; je travaille trois jours par semaine à la clinique médicale de Dieppe, et deux jours à l’hôpital Stella-Maris-de-Kent, à Sainte-Anne-de-Kent.
André Robichaud : Je travaille aujourd’hui en tant qu’infirmier praticien au Centre de santé communautaire de Saint-Isidore. J’étais infirmier en soins intensifs à Bathurst lorsque j’ai décidé de reprendre mes études. J’ai obtenu ma certification d’infirmier praticien en 2008. Je voulais apporter un suivi plus approfondi aux patients. Un infirmier praticien développe une approche plus holistique : davantage autonome, il peut prendre le temps de s’intéresser à chaque patient dans sa globalité pour lui apporter des soins et des conseils personnalisés.
Mélanie Desjardins-Bard : Deux ans après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai réalisé que, même si j’adorais mon travail comme infirmière à l’urgence, je désirais davantage d’autonomie. Je me sentais prête à avoir plus de responsabilités. Je voulais être en mesure d’agir en apportant une aide plus grande et plus diversifiée aux habitants de ma communauté : en milieu rural, comme à Grand-Sault, les ressources manquent, notamment pour la gestion des maladies chroniques. J’exerce donc ma profession depuis 2013, et depuis juillet 2018 à la clinique médicale Front, à Grand-Sault, où je suis la première et la seule infirmière praticienne.
Comment avez-vous vu évoluer votre profession ?
Mélissa : Nos responsabilités évoluent continuellement. Aujourd’hui, nous pouvons par exemple prescrire une gamme plus large de médicaments ; nous pouvons aussi faire admettre nos patients aux programmes de soins à domicile, ce qui n’était pas le cas à mes débuts dans la profession !
André : Lorsque j’ai commencé, les infirmiers praticiens n’étaient pas aussi bien reconnus que maintenant par la population. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas : nous travaillons en lien avec les différents professionnels, pour mettre toutes nos compétences complémentaires au service des patients et de leurs familles. Les habitants de nos communautés savent qu’ils peuvent faire confiance aux infirmières et infirmiers praticiens pour les aider avec leur santé.
Mélanie : Tout cela contribue à rendre l’exercice de notre profession toujours plus intéressant. Nous sommes amenés à développer différentes expertises, en particulier lorsque nous exerçons en milieu rural. Aujourd’hui, par exemple, j’ai la satisfaction de pouvoir intervenir dans des écoles, en clinique pour faire de la prévention de maladies chroniques auprès d’enfants et de jeunes adultes ; je travaille aussi avec le programme extra-mural, et on m’adresse également des patients atteints de diabète de type 1.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui envisage d’exercer cette profession ?
Mélissa : Le meilleur conseil que je pourrais lui donner serait de passer une journée avec un infirmier praticien ou une infirmière praticienne, pour avoir un aperçu réel de notre quotidien et de la diversité de nos missions…
André : Les possibilités de réussir sont multiples pour qui aime les gens, et aime apprendre !
Mélanie : S’il a l’envie d’aider les autres, il a déjà une qualité essentielle ! S’il souhaite en faire sa profession, il fera un choix qui aura du sens pour lui, et pour les personnes qui lui confieront leur santé !