Ils ne portent pas de blouses blanches, mais ils sont au cœur du bon fonctionnement des hôpitaux, des cliniques, et même… des prisons ! Qui donc ? Les gestionnaires des services de la santé, bien sûr ! Pour mieux comprendre pourquoi ces professionnels sont aujourd’hui très recherchés sur le marché du travail, et comment se former, nous avons rencontré Claire Johnson, professeure en gestion des services de santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton.
Quels sont les besoins en recrutement en gestion des services de santé ?
Les services de la santé font face à des défis de plus en plus complexes et multifactoriels : pénurie de personnel, manque de ressources… Ils ont de plus en plus besoin de professionnels parfaitement formés aux techniques de gestion, dotés d’une excellente connaissance du milieu médical, et capables de comprendre et de confronter différentes perspectives. Si ces postes étaient traditionnellement occupés par des cliniciens sans formation spécifique en gestion, les recruteurs sont aujourd’hui beaucoup plus exigeants. La maîtrise en gestion des services de santé que propose l’Université de Moncton répond à ces besoins, en formant des professionnels de la santé aux techniques de gestion attendues dans les établissements de soins et au sein de services spécialisés.
Quels sont les débouchés pour les titulaires d’une maîtrise en gestion des services de santé ?
Après une telle formation, les diplômés peuvent se diriger dans n’importe quel domaine lié à la santé, pour occuper des postes tels que coordonnateur, gestionnaire de projet ou gestionnaire d’équipe. Beaucoup choisissent de travailler au sein de réseaux de la santé (Horizon ou Vitalité sont, par exemple, d’importants employeurs au Nouveau-Brunswick) ; ils peuvent aussi travailler dans la fonction publique fédérale, dans les services correctionnels par exemple.
Qui peut s’inscrire à la maîtrise en gestion des services de santé ?
Ce programme vise autant les professionnels de la santé en poste, que les jeunes diplômés qui viennent de finir leur baccalauréat dans un domaine de la santé, cela quelle que soit leur spécialité : nutrition, science infirmière, psychologie… C’est d’ailleurs tout ce qui fait la beauté de ce programme : en vivant ainsi l’expérience de l’intersectorialité, ils s’enrichissent des expériences des autres, et apprennent à voir chaque problématique selon différentes perspectives pour prendre des décisions éclairées. En outre, ils développent leur réseau professionnel. Une maîtrise comme celle-ci ouvre des horizons !
Combien de temps dure la formation ?
À temps plein, le programme dure deux ans. C’est généralement la voie que suivent les jeunes diplômés. À temps partiel – solution prisée par les professionnels en poste – le programme est très flexible, et s’adapte aux besoins et au rythme de chacun.
Quelle est la différence entre le certificat, le diplôme et la maîtrise ?
Nos programmes sont développés comme des poupées russes ! L’étudiant peut, par exemple, décider d’arrêter sa formation après 5 cours ; il recevra alors un certificat prouvant qu’il a acquis les premières compétences. S’il poursuit ses études, mais qu’il ne va pas au bout du programme, il recevra un diplôme. Il n’obtiendra sa maîtrise que s’il termine le programme.
La formation inclut-elle un stage ?
Il s’agit bien d’une maîtrise pratique, et non d’une maîtrise avec thèse ! Les étudiants effectuent donc un stage, généralement entre la première et la deuxième année, pendant les sessions du printemps et de l’été. Pour le trouver, ils peuvent compter sur l’aide de la coordonnatrice de stages ; mais, il n’est pas rare que les étudiants trouvent eux-mêmes leur stage, car ils ont déjà un bon réseau !
LA MINUTE DE CLAIRE
Originaire du Nouveau-Brunswick, Claire Johnson est professeure en gestion des services de santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton depuis juillet 2018. Elle est également diététiste dans le milieu carcéral, chercheure, et chroniqueuse à Radio Canada.
Titulaire d’un baccalauréat en nutrition (obtenu à l’Université de Moncton), d’une maîtrise en administration publique (Université de Moncton), et d’un doctorat en santé des populations (Université d’Ottawa), elle a notamment travaillé en tant que gestionnaire au niveau fédéral, au sein du service correctionnel, où elle était responsable du programme de nutrition clinique à travers tout le Canada.
NOS ÉTUDIANTS TÉMOIGNENT
Olivier Barriault, étudiant en 2e année de maîtrise en gestion des services de santé
Après avoir complété mon bac en Kinésiologie, j’ai voulu développer mes compétences en gestion et ainsi m’ouvrir d’autres portes. Idéalement, j’aimerais travailler dans un hôpital, en gestion des risques par exemple, au sein d’un service qualité, ou dans le domaine de l’information pour analyser les données collectées et aider à la prise de décisions. J’ai choisi d’étudier en français, car c’est ma langue maternelle : l’Université peut parfois être un défi, et j’ai décidé de rester dans cette zone de confort ! Le fait que l’on soit tous issus de différentes spécialités enrichit énormément le programme : chacun apporte un bagage différent, partage ses perspectives, et amène les autres à voir les choses différemment. C’est un bon entraînement pour la suite de notre carrière, au cours de laquelle nous allons devoir travailler avec différents professionnels, qui n’auront pas toujours la même approche que nous, mais avec qui nous travaillerons vers un objectif commun.
Iva Bien-Aimée, étudiante en 2e année de maîtrise en gestion des services de santé
Je suis dermatologue à Haïti, mon pays d’origine. J’ai choisi la maîtrise en gestion des services de santé pour prétendre ensuite à un poste de direction en clinique. Dans ce programme, j’apprécie tout particulièrement l’ambiance familiale des cours : nous exposons nos opinions, nous nous écoutons, nous réfléchissons ensemble, et nous trouvons des solutions.
Eric Boutot, étudiant en 2e année de maîtrise en gestion des services de santé
Je suis titulaire d’un baccalauréat, avec une spécialisation en psychologie. Après la maîtrise, j’aimerais exercer ma profession de gestionnaire dans le milieu communautaire, au niveau des soins primaires. Ces deux années m’ont conforté dans mon choix : j’apprécie vraiment les gens avec qui je travaille, les professeurs et toute l’équipe en place ; quant aux cours, ils sont très intéressants et nous préparent à affronter toutes les problématiques auxquelles nous serons confrontés plus tard. J’apprécie particulièrement les sujets de santé liés à l’économie et à la politique.
Sara Naam, étudiante en 2e année de maîtrise en gestion des services de santé
Je suis sage-femme de formation ; j’ai suivi un programme de science sage-femme au Maroc, mon pays d’origine, avant d’effectuer une maîtrise en soins avancés. J’ai ensuite décidé de venir au Canada pour poursuivre mes études en gestion des services de santé. Ce programme m’a vraiment permis de comprendre les perspectives de tous les acteurs clés d’un système de santé : les décideurs, les autres professionnels de la santé, mes collègues, les gestionnaires, le monde de l’administration… J’aime particulièrement la dynamique en classe. Nos cours sont basés sur l’apprentissage individuel et collectif : les étudiants sont encouragés à partager leurs propres opinions, et nous nous enrichissons mutuellement. C’est ainsi que je conçois ma future profession : par le dialogue entre les spécialités. Je suis convaincue que cela apporte un vrai plus à la qualité des soins ! Une fois diplômée, j’aimerais travailler comme gestionnaire dans un service de gestion de risques pour promouvoir la sécurité des patients.