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De la maternité aux soins des personnes âgées, le Nouveau-Brunswick a besoin de travailleurs sociaux dans de très nombreux domaines ! Pour mieux comprendre les opportunités qui attendent aujourd’hui les futurs diplômés, nous avons rencontré Maryse LeBlanc-Saulnier, travailleuse sociale depuis 22 ans et employée par le Programme extra-mural depuis 11 ans, et Isabelle Cormier-LeBlanc, travailleuse sociale en pédiatrie sociale.


Quelles sont vos missions ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : Au quotidien, je rends visite à des personnes de tous âges, qui souffrent de maladies aigües, de maladies chroniques, en phase palliative ou en phase terminale. Il s’agit, la plupart du temps, de personnes à qui l’on a donné un nouveau diagnostic et qui ont du mal à l’accepter. Cela peut aussi générer des problèmes de famille, des difficultés financières, ou d’autres soucis qui les empêchent de gérer la maladie. Bien souvent, toute la famille s’en trouve affectée. Ma mission consiste donc à accompagner les patients, ainsi que leur entourage, dans leur cheminement personnel.

Isabelle Cormier-LeBlanc : Je fais partie de l’équipe du projet de pédiatrie sociale lancé au Nouveau-Brunswick en 2018 pour aider les familles en situation de vulnérabilité. L’objectif est d’apporter un soutien renforcé aux familles, que ce soit sur le plan médical, psycho-social ou même communautaire, dans le respect du droit des enfants. Je travaille avec une pédiatre, Dre Deschênes : ensemble, nous rencontrons les familles, et nous tâchons de trouver des solutions pour répondre à leurs besoins afin que les enfants se sentent mieux. Ce projet a été initialement développé dans la région de Montréal par le Docteur Gilles Julien et son équipe. Au Nouveau-Brunswick, nous avons implanté un premier centre ici, à l’école Abbey-Landry de Memramcook; aujourd’hui, le projet se développe dans les régions de Kent et de Saint John.

Pourriez-vous nous raconter une journée-type ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : C’est précisément ce que j’aime dans cette profession : la variété de situations qui rend chaque jour unique ! Généralement, je commence ma journée par une réunion avec mes collègues : je travaille au sein d’une équipe multidisciplinaire et nous mettons un point d’honneur à discuter ensemble de chaque patient. Généralement, j’effectue trois visites dans la journée auprès de personnes volontaires. Je les appelle le matin pour les avertir de ma venue. Une fois ma tournée terminée, je reviens au bureau pour finaliser ma documentation et échanger de vive voix avec l’équipe sur ce que j’ai pu observer.

Isabelle Cormier-LeBlanc : Mon quotidien est très différent d’une journée à l’autre ! Ce matin, j’ai rencontré les autres membres de l’équipe clinique pour faire le point sur les avancées du projet. Demain, je rencontre individuellement des jeunes qui ont besoin d’un suivi plus appuyé : je les conseille pour qu’ils se sentent mieux à l’école ou chez eux ; parfois, je fais appel à l’aide de la communauté. Un jour, par exemple, j’ai récupéré auprès d’une amie une guitare électrique pour l’offrir à un jeune qui voulait créer un lien avec son beau-père musicien. Je suis aussi une facilitatrice : il n’est pas rare que des familles me demandent de faire le lien entre elles et d’autres services. Il y a quelques jours, par exemple, j’ai accompagné une mère qui a reçu la visite des services de protection de l’enfance. Il n’y a pas de petites actions pour le mieux-être des familles et des enfants ! Et s’il faut que je cogne aux portes de la communauté pour trouver à un père de famille au chômage une tenue en bon état qui lui permettra de décrocher un emploi, je le fais !

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous diriger vers le travail social ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : J’ai toujours voulu aider les gens dans le besoin. Aujourd’hui, je me sens choyée de travailler avec des personnes si spéciales, si résilientes. Elles ont toutes en elles cette force qui leur permet de passer à travers des épreuves vraiment difficiles; nous ne faisons que leur révéler cette force en les accompagnant.

Isabelle Cormier-LeBlanc : Je pense que c’est important d’aider les autres comme on voudrait pouvoir être aidé. La confiance que les familles m’accordent donne beaucoup de valeur à mon travail. Les jeunes, les parents, apprécient ce que je fais pour eux, et ça me fait chaud au cœur !

Quel parcours avez-vous suivi ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : J’ai commencé par étudier la psychologie à l’Université de Moncton, mais j’ai vite réalisé que le travail social me conviendrait mieux. J’ai donc obtenu mon baccalauréat en travail social – à l’époque, on le préparait en 4 ans ! -  et décroché un premier poste à Fredericton dans un programme au ministère du Développement social pour lequel nous prenions les appels après les heures normales de travail. J’ai ensuite travaillé quelques années dans le domaine correctionnel, puis six ans en milieu hospitalier dans le service du traitement des dépendances, avant d’intégrer le programme extra-mural.

Isabelle Cormier-LeBlanc : J’ai toujours été attirée par le milieu scolaire. J’ai donc commencé par étudier en éducation primaire à l’Université de Moncton, avant de me diriger finalement en travail social. Quand j’ai terminé mon bac, j’ai travaillé au ministère du Développement social auprès de personnes vulnérables qui présentaient une demande d’aide sociale, puis dans le milieu scolaire. C’est là que j’ai eu l’opportunité de poser ma candidature pour ce projet de pédiatrie sociale.

Quelles sont, selon vous, les qualités à avoir pour être un bon travailleur social ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : Il faut avant tout être capable d’observer une situation sans porter de jugement. Il faut aussi faire preuve d’écoute attentive, pour bien comprendre le vrai besoin des gens : au début, nous ne voyons que la surface telle par exemple une problématique financière, mais celle-ci peut cacher un problème plus profond comme des violences subies pendant l’enfance. Enfin, il est important de respecter le rythme de chacun.

Isabelle Cormier-LeBlanc : Dans notre profession, c’est important d’être à l’écoute, et de faire preuve d’empathie. Il faut aussi savoir faire preuve d’imagination et de créativité !

Avez-vous vu la profession évoluer ?

Maryse LeBlanc-Saulnier : Bien sûr ! Les travailleurs sociaux sont aujourd’hui amenés à conseiller les personnes qu’ils accompagnent, ce qu’ils ne faisaient pas avant par exemple. Le regard de la société a changé, aussi : aujourd’hui, le travail social n’est plus vu comme un travail de bureau. Les gens sont beaucoup plus ouverts à notre discipline : ils voient que nous travaillons en équipe pour les aider vers un but commun.

Quel regard portez-vous sur le développement de l’emploi dans votre profession ?

Isabelle Cormier-LeBlanc : Aujourd’hui, nous avons tant de travail dans notre profession que nous n’avons de temps que pour gérer les urgences. Or, dans l’idéal, il faudrait que l’on puisse aider les gens avant que leur situation ne devienne urgente. C’est ce que j’essaie de faire en pédiatrie sociale. Avec ce projet, celle-ci est promise à un bel avenir : si elle se développe, nul doute que cela va créer des emplois ! En attendant, les bénévoles sont les bienvenus : cela peut-être un excellent moyen de découvrir la profession !