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Les diététistes du Nouveau-Brunswick sont partout ! Dans les gradins des arénas, au chevet de patients qui ne peuvent plus s’alimenter, dans les laboratoires, et même… au cœur des grands paysages chiliens! Entre aventures humaines et recherches scientifiques, la profession de diététiste réserve bien des surprises! Rencontre avec Natasha McLaughlin-Chaisson, 34 ans, diététiste du sport et de la performance, et Stéphanie Couturier, 26 ans, diététiste clinique au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont.


Pourquoi avez-vous choisi de devenir diététiste ?
Stéphanie Couturier : Je me suis toujours intéressée aux bonnes habitudes de vie, comme le fait de faire du sport ou de manger sainement. Je me suis donc orientée assez naturellement vers un baccalauréat ès sciences (nutrition). Mais, c’est surtout mon stage qui m’a ouvert les yeux, et qui a clarifié mes intentions! J’ai passé 10 mois au Centre hospitalier Dr-Georges-L.-Dumont : 6 semaines en santé communautaire, 9 semaines en gestion des services alimentaires et 6 mois en nutrition clinique … C’est là que j’ai vraiment compris qu’on ne peut pas bien guérir si l’on n’est pas bien nourri!

Natasha McLaughlin-Chaisson : Au secondaire, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Alors, je me suis mise à expérimenter par moi-même toutes les voies suggérées par mon test d’orientation, en rencontrant des professionnels et en m’inscrivant à des programmes de jumelage, par exemple! C’est ainsi que j’ai compris que les professions d’ergothérapeute et d’hygiéniste dentaire n’étaient vraiment pas faites pour moi! J’ai découvert la nutrition clinique dès ma 12e année, en suivant un programme coop. J’ai travaillé sur différents projets avec les diététistes de l’hôpital, et ça m’a tellement plu que j’ai continué dans cette voie!

 Quel parcours avez-vous suivi ?
Stéphanie : J’ai obtenu mon baccalauréat ès sciences (nutrition) à l’Université de Moncton en 2017. Depuis, je travaille en nutrition clinique au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, auprès des patients hospitalisés (autrefois en néphrologie, maintenant en oncologie). Je n’ai pas terminé mes études pour autant : je prépare une maîtrise en nutrition. Mon sujet de thèse est directement lié à mon travail : la malnutrition en centre hospitalier.

Natasha : Après mon baccalauréat ès sciences (nutrition) à l’Université de Moncton en 2004, j’ai commencé à travailler dans le secteur privé. Quelques années plus tard, je me suis spécialisée en nutrition sportive. J’ai obtenu un diplôme de 2 ans auprès du Comité international olympique. Cela m’a amenée à accompagner des athlètes/équipes amateurs, olympiques et professionnels de l’Amérique du Nord jusqu’en Europe! Je suis également anthropométriste certifiée ISAK (1) niveau 1. J'ai œuvré auprès des équipes nationales de cyclisme Canada, d’événements de la FIFA et de football Canada, parmi divers autres sports aux niveaux provinciaux, nationaux et internationaux. Aujourd’hui, je suis entrepreneure et travaille à mon compte.

 Pour vous, à quoi ressemblerait une journée type ?


Stéphanie
: Je travaille en soins aigus, donc chaque journée est différente. C’est ce que j’aime le plus dans ma spécialité de diététiste clinique. Présentement, j’assure la couverture de l’unité de l’oncologie (cancer), de l’orthopédie (soins médicaux et chirurgicaux du système musculosquelettique) et de la pédiatrie (enfants). Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine de diététistes cliniques à travailler au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, dont 5 avec les patients hospitalisés.


Tous les jours, je travaille avec l’ensemble de l’équipe multidisciplinaire afin de déterminer le meilleur plan de traitement pour nos patients, de sorte de favoriser leur rétablissement et permettre éventuellement leur retour à la maison.

La malnutrition touche près de la moitié des patients hospitalisés et il est de notre responsabilité, en tant que diététiste, de développer des stratégies pour atteindre les besoins nutritionnels des patients. Toutefois, les conditions médicales des patients sont complexes et varient d’un patient à l’autre ; chaque patient suivi par la diététiste a donc son propre plan de soins nutritionnel individualisé. Les défis dans l’élaboration de ces plans sont multiples : parfois, la texture des aliments doit être ajustée à cause d’une dysphagie (difficulté avaler) et d’autre fois, l’alimentation orale (par la bouche) n’est pas permise du tout; plusieurs patients n’ont tout simplement pas d’appétit et d’autres doivent suivre des régimes très spécifiques à cause de leur condition médicale.

Malgré tout, le patient doit être alimenté! Pour l’expliquer, j’utilise souvent l’image d’une voiture : sans essence, elle ne sera pas en mesure de nous amener où nous devons aller. La nourriture, c’est l’essence du corps humain !

Natasha : Mes journées sont très variées. Je rencontre mes patients en rendez-vous individuels : j’accompagne des joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), de la Ligue américaine de hockey (LAH) et de la Ligue canadienne de hockey (LCH) ; je fais également partie de l'équipe de science du sport pour Paracyclisme Canada et suis la diététiste du sport pour l'équipe nationale de hockey sonore (2). Je donne aussi des cours en ligne, et des conférences trois fois par semaine. Je participe à des rencontres avec des professionnels de la santé. En tant qu’entrepreneure, je dois aussi gérer mon entreprise. Mais, j’ai la liberté de pouvoir décider de mon organisation, et me laisser du temps pour m’occuper de mes enfants et les voir grandir!

 Jusqu’à présent, quelles expériences ont le plus marqué votre carrière ?

Stéphanie
: À l’hôpital, chaque journée réserve son lot de surprises. Chaque cas est différent, et il faut savoir s’ajuster tout le temps, et réagir vite ! Pour l’instant, ce qui me marque le plus dans mon travail, c’est l’interaction avec les patients. J’ai la chance de rencontrer des personnes très différentes. Je suis là pour les aider, mais ils m’apportent aussi beaucoup ! Je me sens épanouie depuis que je travaille avec des patients et je leur en suis très reconnaissante. Je trouve mon travail très gratifiant.

Natasha : Devenir entrepreneur a certainement été l’expérience la plus marquante de ma carrière. Quant à une expérience marquante pendant mes études, j’ai eu la chance de faire l’un de mes stages au Chili, en Amérique du Sud. Cette expérience a été déterminante dans ma vie professionnelle : j’ai pris goût au voyage, j’ai appris l’espagnol, et surtout c’est là que j’ai vraiment mesuré l’impact des cultures culinaires et des habitudes alimentaires sur la performance.

Selon vous, comment la profession va-t-elle évoluer ?

Stéphanie
: La nutrition est une science relativement jeune. La recherche dans ce domaine est en constante évolution, ce qui ouvre de belles perspectives de carrières ! Mais, il y a encore beaucoup de travail à faire en termes de sensibilisation pour que le monde de la médecine et le grand public reconnaissent le rôle et l’importance des diététistes dans tous les milieux de la santé. Malgré tout, je remarque déjà une amélioration dans le monde hospitalier. La place qu’occupe la nutrition dans le monde de la santé continuera à évoluer et à grandir; les données et de meilleures pratiques le soulignent déjà!

Natasha : Je partage l’avis de Stéphanie. Les sciences de la nutrition gagneraient à être davantage connues. Beaucoup pensent encore – à tort - que notre rôle consiste à élaborer des régimes amaigrissants, alors que les possibilités de carrières sont tellement plus riches ! Un diététiste peut être amené à travailler sur des besoins très différents (oncologie, soins intensifs, sportifs, maladies du cœur…) et dans une grande variété de milieux : hospitaliers, communautaires, scolaires… Et compte tenu du besoin de la profession de se faire connaître, je suis convaincue que des débouchés vont aussi se développer en marketing !


(1) ISAK : International Society for the Advancement of Kinanthropometry (traduction libre : Société internationale pour l'avancement de la kinanthropométrie)
(2) Le hockey sonore est un sport pratiqué par des athlètes ayant un handicap visuel