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Quelles ressources et stratégies l’État peut-il mobiliser pour piloter une réforme de santé? Comment les gestionnaires peuvent-ils influencer la trajectoire d’un tel changement? Dans son récent ouvrage, « Lumière sur la réforme du système de santé au Nouveau-Brunswick » paru au printemps 2021 aux Presses de l’Université d’Ottawa, Stéphanie Collin, professeure adjointe à l'École des hautes études publiques (HEP) de l’Université de Moncton, questionne les dynamiques entre les acteurs et donne les clés d’une réflexion à mener d’un océan à l’autre. Rencontre.

Stéphanie Collin

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’idée de faire la « Lumière sur la réforme du système de santé au Nouveau-Brunswick »?livre

J’ai écrit ce livre à partir de ma thèse doctorale, mes pairs m’ayant conseillé de rendre son contenu accessible à un plus grand public. Le système de santé me passionne, et ce depuis une de mes premières expériences professionnelles en milieu hospitalier à Toronto auprès de personnes âgées souffrant de démence, vers le milieu des années 2000. Il n’existait jusqu’à présent aucun ouvrage sur le sujet au Nouveau-Brunswick. En publiant ce livre, qui s’appuie sur l’étude d’un cas concret, soit la réforme du système de santé de 2008 au Nouveau-Brunswick, j’ai souhaité nourrir les réflexions des étudiants en gestion des services de santé et en politiques publiques et des professionnels amenés à mettre en œuvre de tels changements.

Sur quels premiers constats reposent vos recherches?

En prenant appui sur l’exemple de la réforme de la santé au N.-B., trois questions principales ont guidé mes recherches, puis ma rédaction : de quelles façons les dynamiques entre les parties prenantes ont-elles pu influer sur un projet d’une telle envergure? Comment l’État a-t-il mobilisé des stratégies pour atteindre les objectifs visés? Et, au bilan, cette réforme a-t-elle vraiment conduit à une amélioration du système? Réformer un système de santé, c’est l’améliorer, pour le bien des citoyens, et en contrôler les résultats. L’enseignement majeur que l’on peut retenir de cette réforme, et applicable dans toutes les provinces du Canada, c’est l’importance pour l’État de définir des objectifs clairs, qui font consensus auprès des principaux acteurs en interaction. Se fixer des cibles, savoir où l’on va, c’est la base pour prévoir les problématiques à venir, comme la pénurie de main-d’œuvre.

Comment avez-vous bâti le plan de votre ouvrage? 

À travers cet ouvrage, j’ai voulu accompagner chaque lecteur dans ses questionnements et nourrir ses réflexions, étape par étape. La première partie pose un cadre théorique qui situe les dynamiques et les instruments de gouverne pouvant moduler la trajectoire d’une réforme d’un système de santé. La partie suivante guide le lecteur à travers l’histoire des services et des soins de santé au Nouveau-Brunswick, de la période suivant la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Ce récit permet de tirer différents enseignements utiles à la mise en œuvre de futures réformes dans d’autres provinces canadiennes. La dernière partie explique en quoi l’État doit fixer des objectifs et les mesurer en cours de route.

À présent, quels sont vos projets de recherche?
La pandémie m’a amenée à me pencher notamment sur la question de l’isolement des personnes âgées en temps de Covid-19 en foyer de soins. Ce projet est mené conjointement entre diverses universités situées au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et au Québec. Une autre de mes recherches vise à mieux comprendre l’intégration des pratiques innovantes au sein de l’organisation en réseau à l’égard de l’accès aux services de santé pour les communautés francophones en situation minoritaire.

LES 3 MINUTES DE STÉPHANIE COLLIN

Profession : Professeure adjointe à l'École des hautes études publiques (HEP) de l’Université de Moncton. Elle participe à la formation des étudiants aux programmes de deuxième cycle en gestion des services de santé et en administration publique.

Parcours d’études : Un baccalauréat en nutrition (Université de Moncton), une maîtrise en administration des services de santé et un doctorat en santé publique (Université de Montréal).

Principaux objets de recherche : La gouvernance, l'organisation en réseau et l'accès aux services de santé en français.

Son conseil aux étudiants : Soyez curieux, ayez une passion… osez rêver!