Les stages cliniques sont un tout autre univers que celui des cours universitaires. En tant qu’étudiante au doctorat professionnel en psychologie, j'ai attendu plusieurs années avant d'avoir enfin la chance (et quelle chance !) de voir à quoi ressemble une journée typique d'un psychologue en milieu hospitalier. Nous en parlons dans nos cours et entre amis, mais rien ne peut vraiment nous préparer à nos stages que de les vivre nous-mêmes. Je viens de terminer mon dernier stage dans mon programme de soins psychiatriques pour enfants et adolescents et j'ai dressé une liste d'événements quotidiens qui décrit bien mon expérience de stage et qui, je l'espère, pourra donner une meilleure idée à ceux qui se demandent, comme ce fut le cas pour moi, à quoi cela peut ressembler. Voici donc cette liste :
Être en stage, c'est avoir un pied encore à l'université (avec l’écriture d’une thèse) et un pied dans le milieu clinique. C'est voir notre superviseur sur le lieu de travail et réaliser qu'un jour, ce sera à notre tour de prendre notre place sur le marché du travail. C'est apprendre de nouveaux concepts chaque jour, douter de soi-même et puis se faire confiance. C'est passer de longues heures de supervision à élaborer, interroger et mettre en place le plan de traitement d'un patient. C'est avoir la patience de voir le succès d'un patient en thérapie. C'est avoir des journées chargées, apprendre à gérer plusieurs patients, tous avec des besoins différents. Faire un stage, c'est apprendre à faire preuve de créativité pour expliquer à nos patients un concept qui, nous le savons, pourrait les aider dans leur routine quotidienne. C'est vivre des jours où nous rions avec nos patients et d'autres jours où nous avons les larmes aux yeux en réalisant les adversités que nos patients ont dû surmonter pour arriver là où ils sont aujourd'hui et à quel point ils sont résilients. Faire un stage, c'est aussi apprendre à mieux se connaître, à devenir la version du psychologue à laquelle on aspire grâce à l'expérience que l'on acquiert jour après jour. C'est aussi se faire des amis parmi nos collègues et pouvoir se parler des journées plus difficiles. Faire un stage, c'est aussi boire une autre tasse de café pour effectuer les heures de travail nécessaires tout en respectant les dates de remise des rapports. C'est aussi ressentir de la fierté à l’idée d’aider nos patients dans la prochaine étape de leur vie et à se réintégrer dans la communauté.
Et parmi cette liste que je pourrais continuer à vous décrire et qui caractérise la vie quotidienne d'un stage, ce qui m'a le plus marquée, c'est de voir la différence que nous faisons dans la vie de nos patients. Cette partie du travail n'a pas de prix. Être en stage en psychologie clinique, c'est porter en soi l'histoire de chacun de nos patients. C'est aussi construire une bonne relation avec nos patients pour qu'ils puissent nous faire confiance, dans toute leur vulnérabilité, afin que nous puissions les stabiliser, les soutenir dans les moments difficiles, leur donner une meilleure qualité de vie, et surtout, apporter une lueur d'espoir à beaucoup d'entre eux.
Isabelle Harrigan