7 septembre 2021, 1er jour d’école pour les enfants, retour aux bancs universitaires pour moi. Après 9 ans loin des livres et des blocs-notes, me revoilà debout devant les portes de la faculté, me demandant si je serai capable de replonger dans cet univers que j’avais depuis si longtemps oublié. Un mélange d’excitation et de crainte m’envahit, excitée à l’idée de faire de nouvelles rencontres, mais inquiète face à la nouvelle aventure dans laquelle je m’apprête à m’embarquer. Car oui, il s’agit bien d’une aventure pour moi, médecin, maman, originaire du Liban, étrangère à tout le système de santé de la province et du pays, et surtout très éloignée de l’univers de la gestion. Et je n’ai pas tort. La première session, je tente tant bien que mal de jongler avec les travaux universitaires, les tâches ménagères, les activités des enfants et les défis de la vie. Mais au bout d’un moment, me voilà replongée dans les lectures, je prends le rythme des cours, j’organise mieux mon temps et je prends goût à ma nouvelle vie. Je commence alors à me passionner pour la gestion de la santé, et ce sentiment ne cesse de croitre avec chaque nouvelle lecture que je fais et chaque nouveau sujet que nous abordons dans les salles de classe. Les professeurs par leur disponibilité, leurs remarques, leurs explications et leur présence constituent un soutien sans faille à ma réussite, et nous nous soutenons tant bien que mal entre nouveaux amis.
Au fil des mois, je me retrouve de plus en plus engagée dans la vie universitaire et auprès de mes collègues. D’une nouvelle étudiante un peu perdue au milieu du hall du Pavillon Léopold-Taillon, à la recherche d’aide et de conseils, je deviens moi-même mentore, représentante des étudiants et ambassadrice auprès du CNFS. Je trouve du plaisir et de la fierté à servir au sein de l’Université de Moncton, cet établissement qui m’a redonné goût aux études, et qui m’a permis de me projeter concrètement dans un avenir professionnel qui n’est plus très loin désormais.
7 septembre 2021, je n’ai pas vraiment confiance en moi, je me pose 100 questions, je remets 1000 fois en doute mon choix de suivre cette maitrise à temps plein. Est-ce que changer de carrière est la bonne décision à prendre? Ne serait-il pas plus facile de laisser tomber ? Est-ce que ça vaut la peine de m’embarquer dans cette aventure dont je ne vois pas le bout? Est-ce que ma famille comprendra les nouvelles responsabilités qui s’imposent à moi?
Aujourd’hui, le 17 janvier 2023, à l’aube de l’obtention de ma maitrise, je peux affirmer, sans l’ombre d’un doute, que si je revenais 2 ans en arrière, je referais les mêmes choix et je suivrais le même parcours.
J’ai quitté mon pays natal, pour suivre mon conjoint les yeux fermés vers un pays dont je ne connaissais que le nom. J’ai quitté ma maison, mon travail, ma profession, mes amis pour fonder une famille sur une terre où il fait bon vivre. J’ai rêvé, je me suis lancée dans l’inconnu, j’ai fait confiance à la vie, et je ne regrette rien ! Je viens de me découvrir une passion, dont j’ignorais l’existence il y a encore quelques mois. Une passion qui ne cessera de me pousser à donner le meilleur de moi-même, quelles que soient les circonstances. Car l’obtention de ma maitrise ne sera que le début d’un cheminement que je souhaiterais ambitieux et fructueux…
Garde l’esprit ouvert, tu ne sais pas ce que la vie te réserve. Elle est pleine de surprises, fonce, ne crains pas l’inconnu. Qui sait? Peut-être qu’un jour, tu pourrais changer le monde. Mais commencer par changer son petit monde, c’est déjà suffisant!
Jennifer Hakim, étudiante à la maîtrise en gestion des services de santé