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Quelles ressources et stratégies l’État peut-il mobiliser pour piloter une réforme de santé? Comment les gestionnaires peuvent-ils influencer la trajectoire d’un tel changement? Dans son récent ouvrage, « Lumière sur la réforme du système de santé au Nouveau-Brunswick » paru au printemps 2021 aux Presses de l’Université d’Ottawa, Stéphanie Collin, professeure adjointe à l'École des hautes études publiques (HEP) de l’Université de Moncton, questionne les dynamiques entre les acteurs et donne les clés d’une réflexion à mener d’un océan à l’autre. Rencontre.

Stéphanie Collin

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’idée de faire la « Lumière sur la réforme du système de santé au Nouveau-Brunswick »?livre

J’ai écrit ce livre à partir de ma thèse doctorale, mes pairs m’ayant conseillé de rendre son contenu accessible à un plus grand public. Le système de santé me passionne, et ce depuis une de mes premières expériences professionnelles en milieu hospitalier à Toronto auprès de personnes âgées souffrant de démence, vers le milieu des années 2000. Il n’existait jusqu’à présent aucun ouvrage sur le sujet au Nouveau-Brunswick. En publiant ce livre, qui s’appuie sur l’étude d’un cas concret, soit la réforme du système de santé de 2008 au Nouveau-Brunswick, j’ai souhaité nourrir les réflexions des étudiants en gestion des services de santé et en politiques publiques et des professionnels amenés à mettre en œuvre de tels changements.

Sur quels premiers constats reposent vos recherches?

En prenant appui sur l’exemple de la réforme de la santé au N.-B., trois questions principales ont guidé mes recherches, puis ma rédaction : de quelles façons les dynamiques entre les parties prenantes ont-elles pu influer sur un projet d’une telle envergure? Comment l’État a-t-il mobilisé des stratégies pour atteindre les objectifs visés? Et, au bilan, cette réforme a-t-elle vraiment conduit à une amélioration du système? Réformer un système de santé, c’est l’améliorer, pour le bien des citoyens, et en contrôler les résultats. L’enseignement majeur que l’on peut retenir de cette réforme, et applicable dans toutes les provinces du Canada, c’est l’importance pour l’État de définir des objectifs clairs, qui font consensus auprès des principaux acteurs en interaction. Se fixer des cibles, savoir où l’on va, c’est la base pour prévoir les problématiques à venir, comme la pénurie de main-d’œuvre.

Comment avez-vous bâti le plan de votre ouvrage? 

À travers cet ouvrage, j’ai voulu accompagner chaque lecteur dans ses questionnements et nourrir ses réflexions, étape par étape. La première partie pose un cadre théorique qui situe les dynamiques et les instruments de gouverne pouvant moduler la trajectoire d’une réforme d’un système de santé. La partie suivante guide le lecteur à travers l’histoire des services et des soins de santé au Nouveau-Brunswick, de la période suivant la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui. Ce récit permet de tirer différents enseignements utiles à la mise en œuvre de futures réformes dans d’autres provinces canadiennes. La dernière partie explique en quoi l’État doit fixer des objectifs et les mesurer en cours de route.

À présent, quels sont vos projets de recherche?
La pandémie m’a amenée à me pencher notamment sur la question de l’isolement des personnes âgées en temps de Covid-19 en foyer de soins. Ce projet est mené conjointement entre diverses universités situées au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et au Québec. Une autre de mes recherches vise à mieux comprendre l’intégration des pratiques innovantes au sein de l’organisation en réseau à l’égard de l’accès aux services de santé pour les communautés francophones en situation minoritaire.

LES 3 MINUTES DE STÉPHANIE COLLIN

Profession : Professeure adjointe à l'École des hautes études publiques (HEP) de l’Université de Moncton. Elle participe à la formation des étudiants aux programmes de deuxième cycle en gestion des services de santé et en administration publique.

Parcours d’études : Un baccalauréat en nutrition (Université de Moncton), une maîtrise en administration des services de santé et un doctorat en santé publique (Université de Montréal).

Principaux objets de recherche : La gouvernance, l'organisation en réseau et l'accès aux services de santé en français.

Son conseil aux étudiants : Soyez curieux, ayez une passion… osez rêver!

Mélissa Frenette

Comme une tortue sans carapace, on avance, à tâtons, cherchant notre place. On entre dans cette saison aux mille couleurs en fouillant les recoins pour se retrouver. La rentrée nous a amenés à mettre un pied devant l’autre pour finalement aboutir dans une salle de classe, dans un nouveau logement. On a exploré, pour trouver un endroit afin de se sentir chez soi, malgré tous les changements. On s’agrippe aux connaissances qui nous font vibrer, en espérant que celles-ci nous aideront dans notre quête d’identité. Certains ont vidé leurs boites dans un nouvel appartement pour la cinquième fois déjà et d’autres sont entrés dans ce petit espace rien qu’à eux pour la toute première fois. Enjoués, apeurés, excités; multitudes d’émotions qui s’entrecroisent ou plutôt, qui ne peuvent s’empêcher d’entrer en collision.

On comprend finalement qu’on se situe dans une période de transition. On réfléchit à la place que l’on veut occuper dans ce monde et à l’impact que l’on tente de créer. On réalise que l’on possède cet immense pouvoir et en même temps, on se sent tout petit dans cet univers infini. On cherche notre place. On apprend alors que la seule façon de trouver cette carapace est de se la fabriquer. On avance, on essaie, on trébuche, on réessaie, on apprend, on fonce.

Je m’appelle Mélissa Frenette, étudiante en première année de maîtrise en travail social et je vous encourage en cette mi-session à explorer et sortir de votre zone de confort. J’ai découvert récemment le Café Cognito et je trouve l’endroit merveilleusement paisible pour étudier. Je vous incite donc à visiter la ville, entrer dans un nouveau café, vous impliquer dans des comités, écrire à vos professeurs, participer à des activités, etc.! Qui sait? Vous découvrirez peut-être à l’intérieur de vous des avenues qui vous étaient autrefois inconnues.

Bon retour du congé d’étude à toutes les personnes étudiantes. Et plus particulièrement, à ceux et celles qui se cherchent encore une carapace. Rappelez-vous, le chemin n’est pas déjà tout tracé, vous pouvez avancer dans la direction qui vous plaira bien.

Sincèrement,

Une amoureuse de la vie

Jonathan format modifié

En science infirmière, les études sont exigeantes. Jonathan Roy en a fait l’expérience. Mais, sa passion pour sa future profession l’a guidé, et l’a aidé à passer au-delà des moments difficiles, comme en témoigne son journal de bord.

15 mars 2021 – 23 h 58 

En science infirmière, tout n’est pas toujours rose!

En effet, depuis 14 h cet après-midi, à la suite de mon retour de l’hôpital où j’ai fait de la recherche de dossier sur le patient qui sera sous ma responsabilité cette semaine lors de mon stage, je travaille d’arrache-pied sur mes recherches de médicaments ainsi que sur le diagnostic principal et les antécédents de santé de mon patient.

Ce qu’il faut savoir c’est que je commence mes stages demain, mardi. J’ai très hâte de mettre en pratique tout ce que j’ai appris jusqu’à présent!

J’attends avec impatience la journée de demain, mais… je dois vous avouer que je ressens un peu de frustration en ce moment. Cela fait maintenant 9 h que je travaille sans arrêt sur ma préparation de stage. Je dois absolument terminer le schéma récapitulatif de la raison d’admission de mon patient (qui inclut sa maladie et tous les traitements et les soins infirmiers), celui de ses antécédents de santé qui sont au nombre de 11 et enfin, la recherche de tous les médicaments qu’il prend quotidiennement, qui sont eux aussi très nombreux (37).

Pour vous mettre en contexte, une recherche de médicament peut me prendre de 10-15 minutes, et les schémas environ 20 minutes.

La veille de l’affectation, c’est toujours une soirée que je redoute, car elle est à la fois stressante et demandante côté énergie. Cependant, je suis conscient qu’elle est essentielle à ma réussite. D’abord, parce que je dois être en mesure de procurer des soins sécuritaires à mon patient. Ensuite, parce que je dois être prêt à répondre aux questions de ma monitrice concernant la condition de mon patient : je ne peux pas administrer un médicament dont je ne suis pas certain de l’indication et des soins infirmiers. Enfin, parce que ces recherches doivent être remises à la professeure (monitrice) à la fin de chacune des semaines de stage.

Bref, vous comprendrez que je suis à bout de ma journée et que j’ai très hâte d’aller me coucher. Le réveil sonnera à 5 h 30 demain matin.

19 mars – 9 h 45

J’aimerais vous faire une confidence.

Je viens de terminer ma semaine de stage. Il y a quatre jours, lors de la journée d’affectation, je voyais une énorme montagne devant mes yeux. Une montagne de travaux que je ne croyais jamais pouvoir terminer. Une montagne de stress qui me faisait peur. Eh oui, j’avais peur de ne pas être prêt pour le lendemain matin. J’avais également peur que mes recherches ne soient pas complètes.

Toutes ces émotions et ces sentiments, je veux que vous sachiez qu’il est normal de les ressentir. Les études universitaires sont remplies de hauts, mais aussi de bas. Ce n’est vraiment pas toujours facile et il arrive que l’on se demande si l’on veut réellement mettre tous les efforts pour continuer.

Par contre, lorsqu’on fait preuve de résilience et qu’on fonce droit devant, même quand ça nous parait impossible, on est toujours récompensés. La preuve : j’ai réussi à terminer toutes mes recherches à temps pour le lendemain. Non, je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai déposé ma tête sur l’oreiller à 1 h 12 du matin. Cependant, j’ai réussi à prendre soin de mon patient de manière sécuritaire et j’ai appris énormément de choses en ayant d’excellentes discussions avec ma monitrice et le personnel de soins de l’hôpital.

Ce que je veux que vous reteniez de ce message, c’est qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel et que vos efforts seront récompensés. N’abandonnez jamais et ne cessez jamais de croire en vos capacités.

P.-S. : J’ai même fait un examen la soirée du 15 mars. Eh oui!

Les diététistes du Nouveau-Brunswick sont partout ! Dans les gradins des arénas, au chevet de patients qui ne peuvent plus s’alimenter, dans les laboratoires, et même… au cœur des grands paysages chiliens! Entre aventures humaines et recherches scientifiques, la profession de diététiste réserve bien des surprises! Rencontre avec Natasha McLaughlin-Chaisson, 34 ans, diététiste du sport et de la performance, et Stéphanie Couturier, 26 ans, diététiste clinique au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont.


Pourquoi avez-vous choisi de devenir diététiste ?
Stéphanie Couturier : Je me suis toujours intéressée aux bonnes habitudes de vie, comme le fait de faire du sport ou de manger sainement. Je me suis donc orientée assez naturellement vers un baccalauréat ès sciences (nutrition). Mais, c’est surtout mon stage qui m’a ouvert les yeux, et qui a clarifié mes intentions! J’ai passé 10 mois au Centre hospitalier Dr-Georges-L.-Dumont : 6 semaines en santé communautaire, 9 semaines en gestion des services alimentaires et 6 mois en nutrition clinique … C’est là que j’ai vraiment compris qu’on ne peut pas bien guérir si l’on n’est pas bien nourri!

Natasha McLaughlin-Chaisson : Au secondaire, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire. Alors, je me suis mise à expérimenter par moi-même toutes les voies suggérées par mon test d’orientation, en rencontrant des professionnels et en m’inscrivant à des programmes de jumelage, par exemple! C’est ainsi que j’ai compris que les professions d’ergothérapeute et d’hygiéniste dentaire n’étaient vraiment pas faites pour moi! J’ai découvert la nutrition clinique dès ma 12e année, en suivant un programme coop. J’ai travaillé sur différents projets avec les diététistes de l’hôpital, et ça m’a tellement plu que j’ai continué dans cette voie!

 Quel parcours avez-vous suivi ?
Stéphanie : J’ai obtenu mon baccalauréat ès sciences (nutrition) à l’Université de Moncton en 2017. Depuis, je travaille en nutrition clinique au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, auprès des patients hospitalisés (autrefois en néphrologie, maintenant en oncologie). Je n’ai pas terminé mes études pour autant : je prépare une maîtrise en nutrition. Mon sujet de thèse est directement lié à mon travail : la malnutrition en centre hospitalier.

Natasha : Après mon baccalauréat ès sciences (nutrition) à l’Université de Moncton en 2004, j’ai commencé à travailler dans le secteur privé. Quelques années plus tard, je me suis spécialisée en nutrition sportive. J’ai obtenu un diplôme de 2 ans auprès du Comité international olympique. Cela m’a amenée à accompagner des athlètes/équipes amateurs, olympiques et professionnels de l’Amérique du Nord jusqu’en Europe! Je suis également anthropométriste certifiée ISAK (1) niveau 1. J'ai œuvré auprès des équipes nationales de cyclisme Canada, d’événements de la FIFA et de football Canada, parmi divers autres sports aux niveaux provinciaux, nationaux et internationaux. Aujourd’hui, je suis entrepreneure et travaille à mon compte.

 Pour vous, à quoi ressemblerait une journée type ?


Stéphanie
: Je travaille en soins aigus, donc chaque journée est différente. C’est ce que j’aime le plus dans ma spécialité de diététiste clinique. Présentement, j’assure la couverture de l’unité de l’oncologie (cancer), de l’orthopédie (soins médicaux et chirurgicaux du système musculosquelettique) et de la pédiatrie (enfants). Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine de diététistes cliniques à travailler au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, dont 5 avec les patients hospitalisés.


Tous les jours, je travaille avec l’ensemble de l’équipe multidisciplinaire afin de déterminer le meilleur plan de traitement pour nos patients, de sorte de favoriser leur rétablissement et permettre éventuellement leur retour à la maison.

La malnutrition touche près de la moitié des patients hospitalisés et il est de notre responsabilité, en tant que diététiste, de développer des stratégies pour atteindre les besoins nutritionnels des patients. Toutefois, les conditions médicales des patients sont complexes et varient d’un patient à l’autre ; chaque patient suivi par la diététiste a donc son propre plan de soins nutritionnel individualisé. Les défis dans l’élaboration de ces plans sont multiples : parfois, la texture des aliments doit être ajustée à cause d’une dysphagie (difficulté avaler) et d’autre fois, l’alimentation orale (par la bouche) n’est pas permise du tout; plusieurs patients n’ont tout simplement pas d’appétit et d’autres doivent suivre des régimes très spécifiques à cause de leur condition médicale.

Malgré tout, le patient doit être alimenté! Pour l’expliquer, j’utilise souvent l’image d’une voiture : sans essence, elle ne sera pas en mesure de nous amener où nous devons aller. La nourriture, c’est l’essence du corps humain !

Natasha : Mes journées sont très variées. Je rencontre mes patients en rendez-vous individuels : j’accompagne des joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), de la Ligue américaine de hockey (LAH) et de la Ligue canadienne de hockey (LCH) ; je fais également partie de l'équipe de science du sport pour Paracyclisme Canada et suis la diététiste du sport pour l'équipe nationale de hockey sonore (2). Je donne aussi des cours en ligne, et des conférences trois fois par semaine. Je participe à des rencontres avec des professionnels de la santé. En tant qu’entrepreneure, je dois aussi gérer mon entreprise. Mais, j’ai la liberté de pouvoir décider de mon organisation, et me laisser du temps pour m’occuper de mes enfants et les voir grandir!

 Jusqu’à présent, quelles expériences ont le plus marqué votre carrière ?

Stéphanie
: À l’hôpital, chaque journée réserve son lot de surprises. Chaque cas est différent, et il faut savoir s’ajuster tout le temps, et réagir vite ! Pour l’instant, ce qui me marque le plus dans mon travail, c’est l’interaction avec les patients. J’ai la chance de rencontrer des personnes très différentes. Je suis là pour les aider, mais ils m’apportent aussi beaucoup ! Je me sens épanouie depuis que je travaille avec des patients et je leur en suis très reconnaissante. Je trouve mon travail très gratifiant.

Natasha : Devenir entrepreneur a certainement été l’expérience la plus marquante de ma carrière. Quant à une expérience marquante pendant mes études, j’ai eu la chance de faire l’un de mes stages au Chili, en Amérique du Sud. Cette expérience a été déterminante dans ma vie professionnelle : j’ai pris goût au voyage, j’ai appris l’espagnol, et surtout c’est là que j’ai vraiment mesuré l’impact des cultures culinaires et des habitudes alimentaires sur la performance.

Selon vous, comment la profession va-t-elle évoluer ?

Stéphanie
: La nutrition est une science relativement jeune. La recherche dans ce domaine est en constante évolution, ce qui ouvre de belles perspectives de carrières ! Mais, il y a encore beaucoup de travail à faire en termes de sensibilisation pour que le monde de la médecine et le grand public reconnaissent le rôle et l’importance des diététistes dans tous les milieux de la santé. Malgré tout, je remarque déjà une amélioration dans le monde hospitalier. La place qu’occupe la nutrition dans le monde de la santé continuera à évoluer et à grandir; les données et de meilleures pratiques le soulignent déjà!

Natasha : Je partage l’avis de Stéphanie. Les sciences de la nutrition gagneraient à être davantage connues. Beaucoup pensent encore – à tort - que notre rôle consiste à élaborer des régimes amaigrissants, alors que les possibilités de carrières sont tellement plus riches ! Un diététiste peut être amené à travailler sur des besoins très différents (oncologie, soins intensifs, sportifs, maladies du cœur…) et dans une grande variété de milieux : hospitaliers, communautaires, scolaires… Et compte tenu du besoin de la profession de se faire connaître, je suis convaincue que des débouchés vont aussi se développer en marketing !


(1) ISAK : International Society for the Advancement of Kinanthropometry (traduction libre : Société internationale pour l'avancement de la kinanthropométrie)
(2) Le hockey sonore est un sport pratiqué par des athlètes ayant un handicap visuel

 

De plus en plus demandée par les recruteurs, la maîtrise en gestion des services de santé ouvre les portes de carrières de haut niveau, sur un large choix de postes. En témoignent les parcours de ces trois jeunes diplômés de l’Université de Moncton, embauchés quasiment immédiatement après la fin de leurs cours : Olivier Barriault, Annie Berthelot et Maxime Saulnier.


Quels postes occupez-vous aujourd’hui?
Annie Berthelot : Je suis conseillère aux services médicaux au sein du Réseau de santé Vitalité. Pour résumer, je suis la « gardienne » des données concernant les effectifs médicaux et j’effectue l’analyse des besoins en effectifs médicaux en collaboration avec les directeurs médicaux. Ce poste a été créé à mon arrivée; j’ai obtenu cet emploi après seulement 4 mois de recherche.

Olivier Barriault : Je suis gestionnaire de cas de services de santé chez McKesson Canada, à Toronto, depuis novembre 2020. Ma mission consiste principalement à aider les patients atteints de cancer à accéder à des médicaments dispendieux, en leur permettant d’en être remboursés.

Maxime Saulnier : J’occupe le poste de gestionnaire du service de l’unité de retraitement des dispositifs médicaux (URDM) au sein du Réseau de santé Vitalité. Je m’assure que les instruments et dispositifs médicaux utilisés par le personnel sont livrés au bon moment, désinfectés et stérilisés, que ce soit à l'Hôpital régional de Campbellton ou au Centre de santé communautaire Saint-Joseph.


 Racontez-nous une journée type…


Olivier : Actuellement, je travaille de chez moi, sur un poste équipé de deux écrans d’ordinateur et d’un téléphone. Je suis à l’interface entre le patient et l’assureur : je réponds principalement aux demandes de patients qui souhaitent s’inscrire au programme d’aide, je les accompagne dans la procédure, et j’assure le suivi de leurs dossiers auprès de l’assureur afin que ceux-ci soient rapidement traités. Moi qui voulais travailler dans la qualité des services offerts dans le domaine de la santé, me voilà exaucé : j’aime cette philosophie selon laquelle le patient est considéré comme prioritaire!

Annie : Depuis mon bureau, à l’hôpital, je développe et mets à jour les politiques du secteur médical. Je commence mes journées par consulter mes courriels, je vérifie ma liste de tâches, puis je m’attèle aux projets prioritaires. Je maintiens à jour les informations qui concernent les équipes, j’analyse les besoins…

Maxime : Je m’assure régulièrement au cours de la journée que tous les employés disposent des ressources nécessaires. Je travaille ensuite sur des projets à court et à long termes. Je réserve la réalisation de rapports pour la fin de journée. 


 Quel parcours avez-vous suivi jusqu’à présent?

Olivier
: Je me suis orienté vers un baccalauréat en kinésiologie, avant de poursuivre vers une maîtrise en gestion des services de santé pour développer ma vision globale du système de santé. J’ai obtenu mon diplôme en 2020.

Annie : Après un baccalauréat en techniques radiologiques à l’Université de Moncton et au CCNB, j’ai travaillé pendant trois ans au sein du Réseau de santé Horizon en tant que technologue en imagerie médicale. J’occupais ce poste de manière occasionnelle, ce qui m’a permis d’étudier pour obtenir ma maîtrise en gestion des services de santé en 2019.

Maxime : J’ai commencé mon parcours d’études au CCNB, en techniques correctionnelles, puis en techniques policières. Passionné des études sociales, j’ai poursuivi vers un baccalauréat en travail social; c’est à ce moment-là, durant un stage, que j’ai pris conscience de l’importance des gestionnaires de services de santé et des besoins en innovation dans ce domaine. J’ai donc décidé de m’orienter vers une maîtrise en GSS, que j’ai obtenue en avril 2019. Avant même d’avoir mon diplôme, j’ai été embauché à l’URDM (Unité de retraitement des dispositifs médicaux).


Quel impact a eu le stage et/ou le cours Projet d’intégration que vous avez effectué lors de vos études en gestion des services de santé?

Olivier
: Mon stage, que j’ai choisi d’effectuer à l’Institut universitaire de cardiologie et pneumologie de Québec, m’a aidé à obtenir le poste que j’occupe aujourd’hui. Cette expérience m’a permis de comprendre vraiment le fonctionnement du système de santé; en outre, je suis maintenant parfaitement à l’aise lorsqu’il s’agit de répondre à des demandes particulières d’infirmiers quant à l’administration d’un médicament par exemple!

Maxime : Au cours de mon stage au sein du Réseau de santé Vitalité, à l'Hôpital Dr-Georges-L.-Dumont, j’ai eu la chance de me voir confier un projet d’analyse très intéressant; j’ai gagné en autonomie, acquis des techniques de recherche d’information, et mieux compris le quotidien des professionnels de la santé. Toutes les compétences et connaissances que j’ai pu développer au cours de ce stage sont utilisées sur une base quotidienne! J’ai aussi participé à un projet d’intégration sur le thème de la gouvernance des hôpitaux au NB; ce projet m’a permis de saisir le rôle prépondérant de la culture organisationnelle.

Annie : J’ai participé au projet décrit par Maxime et je peux témoigner aussi de son intérêt, et de toutes les compétences qu’il m’a permis d’acquérir en matière de travail collaboratif. Quant à mon stage, il m’a énormément apporté : j’ai eu l’occasion de travailler sur un modèle de prestation de services pour les Premières Nations. J’ai acquis des méthodes de travail et de recherche efficaces, que j’applique quotidiennement aujourd’hui. Lors de mon recrutement, ces expériences ont particulièrement compté!


Selon vous, comment va évoluer la profession de gestionnaire des services de santé?

Olivier
: Les gestionnaires des services de santé sont des professionnels de plus en plus recherchés. Ils l’étaient déjà avant la pandémie, en particulier en écho au vieillissement de la population notamment, mais l’arrivée de la Covid-19 a augmenté les besoins en gestionnaires formés et diplômés.

Annie : Et pour cause! La maîtrise en GSS permet d’acquérir et de développer des capacités de gestion et de leadership. Les professionnels diplômés sont reconnus pour leur capacité d’analyse et leurs connaissances du système de santé.

Maxime : Avec les défis des ressources humaines, les gestionnaires devront, de plus en plus, innover dans le domaine de la santé. L’univers de la gestion est constamment en évolution, et les programmes comme la MGSS et la MAP1 deviendront de plus en plus reconnus. 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes tentées de suivre comme vous une maîtrise en GSS?

Olivier
: Suivre un parcours en GSS, c’est s’ouvrir à un large choix de possibilités de carrière. Renseignez-vous sur tout ce que cela peut vous offrir!

Annie : Sur le marché du travail, la maîtrise en GSS est reconnue et donne un avantage important.

Maxime : La maîtrise en GSS mène à de nombreuses options, de sorte qu’il est quasiment garanti d’avoir un emploi rapidement après l’obtention du diplôme (et même avant!)




1 Maîtrise en administration publique

Du 6 au 8 juin 2021, l’Université de Moncton accueillera au campus de Shippagan et en format virtuel sa 5e École d’été de perfectionnement sur le vieillissement, cette année sur le thème « Se perfectionner pour mieux intervenir ». Un événement à ne surtout pas manquer, que vous soyez professionnel de la santé, chercheur ou proche aidant ! Explications avec Lisa Savoie-Ferron, agente de projet.

Comment mieux accompagner les personnes aînées à l’heure où le système de santé tout entier reste profondément bouleversé par la pandémie ? C’est dans ce contexte que s’ouvrira, du 6 au 8 juin, la 5e École d’été de perfectionnement sur le vieillissement, organisée par la Formation continue de l’Université de Moncton, campus de Shippagan, en partenariat avec le ministère du Développement social et le CNFS – Volet Université de Moncton. Pendant trois jours, l’événement réunira 11 éminents spécialistes, autour de toutes les questions que se posent aujourd’hui tant les professionnels de la santé que les chercheurs et tous ceux qui, aujourd’hui ou dans un avenir proche, sont ou seront amenés à prendre soin d’une personne âgée. Les temps forts de cette 5e édition en 5 points clés, avec Lisa Savoie-Ferron, agente de projet.

1)   Des réponses concrètes, du départ du domicile à l’approche palliative« Cette année, l’événement a été pensé autour du processus d’accompagnement complet d’une personne, à partir du moment où celle-ci quitte son domicile pour se rendre à l’hôpital ou en foyer de soins, jusqu’à sa fin de vie », explique Lisa Savoie-Ferron. Ainsi le 7 juin, de 8 h 45 à 10 h, le gérontologue et psychothérapeute Valois Robichaud, abordera toutes les questions liées à la prise de décision et à la logistique qu’impose ce changement d’environnement. Nathalie Chiasson expliquera au cours d’un atelier organisé le 7 juin, de 15 h à 16 h 30, « Quand et comment exercer vos droits d’obtenir l’aide médicale à mourir ». La dernière conférence de clôture, animée par Marie-Josée Nadeau le 8 juin, de 13 h à 14 h 15, sera dédiée à l’approche palliative, et démontrera que « lorsqu’il n’y a plus rien à faire… tout reste à faire ».

2)   Une conférence de préouverture gratuite, ouverte à tous, sur le thème de la maltraitance« La maltraitance des personnes aînées est un sujet préoccupant, qui peut concerner toutes les familles du Nouveau-Brunswick », note Lisa Savoie-Ferron. Aussi, le comité organisateur a-t-il décidé d’offrir le 6 juin, de 19 h 30 à 21 h, une conférence gratuite sur « Les freins et les leviers à la demande d’aide dans les situations de maltraitance ou d’intimidation envers les personnes aînées ». Cette conférence tout public sera donnée par Marie Beaulieu, professeure à l’Université de Sherbrooke, codirectrice du Centre collaborateur OMS Communautés amies des aînés / Maltraitance des aînés et titulaire de la chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées.

3)   Des outils essentiels dans un contexte de pandémie« En écho aux différents enjeux de la pandémie de Covid-19, l’École d’été proposera aux participants une réflexion sur les aspects les plus délicats de l’accompagnement des aînés dans ce contexte, du point de vue des patients, mais aussi de celui des intervenants », explique Lisa Savoie-Ferron. Le 7 juin, de 8 h 45 à 10 h, lors de la conférence d’ouverture intitulée « Vieillir au temps de la Covid-19 : les enjeux inédits du départ de la demeure pour l’hôpital ou le foyer de soins », Valois Robichaud détaillera sous l’angle de la pandémie l’organisation qu’impose le départ d’une personne âgée pour une place en foyer de soins ou l’hôpital, et l’impact psychologique qu’un tel bouleversement suppose. Le même jour, la conférencière Mireille Demers, professeure au campus de Shippagan de l’Université de Moncton, donnera un atelier de 13 h à 14 h 30 sur le thème de « L’intelligence émotionnelle au travail », puis abordera le 8 juin, de 9 h à 10 h 15, lors d’une des conférences de clôture, la question du « Bien-être au travail » en situation d’adaptation et de changement, pour outiller les intervenants qui œuvrent auprès des aînés dans le contexte actuel.
 
4)   Une lumière enfin faite sur les enjeux vécus par les aînés et les intervenants de la communauté LGBTQ+
Pour cette 5e édition, le comité organisateur a décidé de lever les tabous qui entourent l’inclusion des personnes aînées et des intervenants LGBTQ+, en dédiant un atelier et une conférence à ce thème encore trop rarement abordé. Le 7 juin, de 13 h à 14 h 30, Olivia Baker abordera la question de « L'inclusion des personnes LGBTQ+ en milieu de travail ». Le 8 juin, de 10 h 45 à 12 h, le conférencier Julien Rougerie éclairera l’auditoire sur les enjeux propres aux aînés LGBTQ+, et les bonnes pratiques à mettre en place pour mieux répondre à leurs besoins.
 5)   Un format hybride, pour un accès facilitéPour permettre à un maximum de personnes d’assister à l’événement dans le respect des consignes de sécurité, le comité organisateur a innové cette année pour proposer un événement hybride, combinant les modes présentiel et virtuel. « Quelques conférences seront données en personne, et un nombre limité de places sera offert à ceux qui souhaitent y assister, au tarif de 300 $. Un accès virtuel à toutes les conférences sera proposé au tarif de 275 $; un lien sera adressé par courriel aux participants après leur inscription », précise Lisa Savoie-Ferron. Quelle que soit l’option choisie, les participants pourront bâtir leur propre programme en choisissant parmi toutes les conférences et ateliers proposés, en fonction de leurs centres d’intérêt, et interagir avec les conférenciers !

Une soirée-conférences exclusive

Le 7 juin, à partir de 18 h 30, en parallèle de la programmation, sera proposée une soirée-conférences exclusive, spécialement dédiée à la communauté médicale : infirmières praticiennes et infirmiers praticiens, pharmaciennes et pharmaciens, professionnelles et professionnels de la santé. Le conférencier Érik Maeker abordera « La confusion et la COVID-19 : implications pour la clinique et la prise en charge », et Louise Mallet, pharmacienne spécialisée en gériatrie et professeure titulaire de clinique détaillera les « Pièges à éviter dans la prescription des médicaments en gériatrie. »

Plus d’information et inscription : École d'été de perfectionnement sur le vieillissement | Campus de Shippagan (umoncton.ca)

Le 12 mai 2021, 11 h


En temps normal, les stages en milieu hospitalier sont vécus par les étudiantes et étudiants en science infirmière comme des expériences aussi enrichissantes qu’amusantes. Mais, cette année, je l’avoue, j’appréhendais beaucoup cette étape de mon apprentissage. J’étais inquiète. Mes amies et moi, nous demandions toutes si nous allions pouvoir effectuer nos stages malgré l’éclosion dans notre région. Pour ma part, j’avais aussi peur que cette pandémie nuise à mon apprentissage et m’empêche de vivre les expériences incroyables qu’ont vécues les étudiantes les années précédentes...

Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais malgré tous les défis et les changements qui ont dû être apportés, les stages sont restés pour moi une expérience très agréable. D’autant plus que cette situation particulière a permis aux étudiants de passer des journées en clinique ambulatoire : une aubaine!

J’ai eu la chance de vivre une journée à la clinique d’hémodialyse aux soins ambulatoires. J’ai adoré l’expérience, car nous venions tout juste d’apprendre la théorie portant sur l’insuffisance rénale en classe. J’ai donc été en mesure de faire des liens concrets entre ce que je venais tout juste d’apprendre et ce que j’ai vu à la clinique d’hémodialyse. J’ai aussi eu l’occasion de poser mes questions sur le sujet et d’approfondir mes connaissances.

Lors de mon passage à la clinique, il y avait une machine de dialyse en réparation. J’ai eu la chance de « l’examiner de l’intérieur » : quelle quantité de fils électriques ! Les employés de la clinique ont été très gentils; ils ont pris le temps de m’expliquer comment fonctionnaient les machines, le trajet qu’effectue le sang à l’intérieur, et à quel endroit il était filtré.

En fin de compte, s’il y a quelque chose que la pandémie n’aura pas changé, c’est l’expérience enrichissante et inoubliable que nous font vivre les stages en milieu hospitalier!

Signé, Cathie


Cathie Cyr est ambassadrice étudiante pour le CNFS – Volet Université de Moncton. Ce journal est le dixième billet d'une série où les ambassadeurs étudiants vous partageront des anecdotes de leur parcours étudiant. Demeurez à l’écoute !


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Au Canada, 160 femmes sont mortes des suites d’un acte violent en 2020. Parce qu’il est souvent difficile de détecter les signes et savoir réagir avant qu’il ne soit trop tard, le conseil étudiant de l’École de travail social de l’Université de Moncton a organisé en février et mars deux conférences saisissantes et ouvertes à des étudiants inscrits dans différents programmes en santé, chacun pouvant se retrouver en première ligne face à des personnes qui subissent des actes de violence, que ce soit au cours de leur carrière ou durant leur vie.

Les étudiants en science infirmière, en nutrition, en criminologie et des participants au séminaire professionnel sur la collaboration interprofessionnelle se sont joints aux étudiants en travail social pour écouter, le 10 février, le témoignage d’Ingrid Falaise, autrice du roman autobiographique « Le Monstre », puis le 26 mars, l’histoire de Mireille et d’Isabelle Grenier, plus connues sous le nom des Jumelles martyres. Chaque expérience racontée, terrible de vérité, était suivie d’une importante activité interprofessionnelle engageant par groupes de taille réduite les étudiants des différents programmes à réfléchir ensemble, tant sur la bonne attitude à avoir individuellement et professionnellement, que sur des pistes pour améliorer le système actuel.

« Le cycle de violence commence souvent par… une histoire d’amour »

« Vous avez cette responsabilité de comprendre pour aider des victimes et les sauver. Juste le fait d’être à l’affut des signes peut sauver des vies », a rappelé Ingrid Falaise en préambule de son intervention. Pendant une heure, celle-ci a raconté et illustré en donnant de nombreux détails les quatre phases du cycle de la violence conjugale, telles qu’elle les a vécues, rappelant que « tous les monstres fonctionnent de la même façon ». Pour elle, comme pour d’autres, « cela n’a pas commencé par des insultes ou un coup de poing, mais par… une histoire d’amour ». Séduite par l’homme qui allait devenir son partenaire, puis son bourreau, elle n’a pas vu tout de suite le piège dans lequel il allait l’enfermer : « C’est comme si mon M. [M comme Monstre] m’avait étudiée. Il me connaissait par cœur. Il me faisait me sentir extraordinaire. » C’est aussi durant cette phase de séduction que le Monstre apprend à connaître les faiblesses de sa victime, pour mieux entrer dans la seconde phase, celle de la manipulation : « À ce stade-là, le Monstre s’applique à faire baisser l’estime que l’on a de soi. Sous son influence, on change sa manière de s’habiller, sa façon de penser. C’est cela un M. : quelqu’un qui se sert de l’amour de sa victime pour assouvir ses besoins de contrôle et de pouvoir. » La troisième phase est celle de l’isolement : le Monstre fait en sorte d’isoler sa victime de sa famille et de ses amis. Puis arrive la première agression. C’est la quatrième phase. « Le Monstre t’explique que c’est toi qui l’as poussé à devenir comme ça… et il redevient le prince charmant jusqu’au prochain acte de violence. »

Briser le silence : une nécessité

L’histoire de Mireille et d’Isabelle Grenier présente de nombreuses similitudes avec celle d’Ingrid Falaise : elles aussi ont été isolées, manipulées et violentées. Elles n’étaient alors que des enfants et, pour elles, il n’y a même pas eu de phase 1. Adoptées sans amour par la famille Lavoie à l’âge de deux ans, elles ont vécu les premières années de leur vie attachées aux barreaux de leurs lits, dans le noir, sans avoir le droit de parler, ni même de se parler. Pendant six longues années, elles ont été frappées, humiliées, affamées, séquestrées, violées, torturées psychologiquement et maintenues dans l’ignorance du monde par les membres d’une famille qui ne voyaient en elles qu’un moyen de recevoir de l’argent du gouvernement fédéral. Elles doivent leur salut à un témoin qui a signalé leurs mauvais traitements. Reste que les faiblesses du système de l’époque auraient pu leur être fatales : « Les services sociaux nous ont laissées là une année supplémentaire avant de venir nous chercher ». Ballotées de familles d’accueil en familles adoptives, elles qui avaient un grand besoin d’amour ne savaient plus à qui faire confiance. Elles ont vu leur cœur se refermer jusqu’à ce qu’elles soient capables de construire leur propre vie…

« Identifier les signes peut sauver des vies »

En 2018, la police a recensé plus de 99 000 personnes de 15 à 89 ans victimes de violence conjugale au Canada, dont 2182 au Nouveau-Brunswick (1743 femmes). Cette même année, plus de 19 000 enfants ont été déclarés victimes de violence familiale dans tout le pays, dont 413 au Nouveau-Brunswick. À ce chiffre, il faut ajouter tous ceux et toutes celles qui souffrent et se battent pour leur survie dans le silence le plus total. « Il est très difficile de dénoncer la violence, la négligence et les abus faits contre les personnes vulnérables. Mais, des lois existent, qui obligent chacun de nous à briser le silence et à venir au secours des personnes en danger. Cela peut changer des vies! », a insisté Mireille Grenier.

Selon Ingrid Falaise, réaliser qu’une personne est victime de violence peut prendre du temps, même s’il s’agit d’un proche. « Cela peut arriver à n’importe qui ! Il faut être attentif à certains signaux : une personne qui cesse de rayonner, baisse la tête, devient anxieuse, ment, change sa manière de s’habiller, ou ne parle plus alors qu’elle avait l’habitude de le faire, peut être victime de violence… Dans ces cas-là, une bonne manière de réagir consiste à engager une conversation avec cette personne, dans un endroit à part (loin de celui ou de celle que vous soupçonnez être son M.), en lui demandant tout simplement comment elle va. Demandez-lui si vous pouvez l’aider, si elle a peur, si elle se sent isolée. Surtout, ne la culpabilisez pas. Son bourreau le fait déjà. Ne lui reprochez pas de rester auprès de son M., par exemple : la violence peut prendre des formes très différentes. Il peut la menacer de tuer un proche ou un animal qui lui est cher, il peut la garder sous son contrôle financier … Gardez les bras ouverts et montrez-lui que vous êtes là pour elle : c’est de savoir que l’on a un filet de sécurité qui aide à partir (…) »

« La médiation est à proscrire ! »

S’adressant plus particulièrement aux étudiants en travail social, Ingrid Falaise a alerté sur une pratique qu’elle estime dangereuse : celle de réunir les M. et leurs victimes au nom d’une certaine médiation. « C’est terrible. Les M. sont des séducteurs, des beaux parleurs », qui profitent de ces réunions pour tourner l’affaire à leur avantage. Selon elle « la médiation est à proscrire dans ce cas-là ! » Une réflexion que partage Annie Vienneau, 24 ans, en première année de maîtrise en travail social : « Je trouvais moi aussi cette pratique particulièrement inadaptée. Plus tard, j’aimerais accompagner des personnes en thérapie individuelle et familiale. Je retiens l’importance d’être dans le non-jugement, d’outiller et d’être avant tout à l’écoute. »

À l’issue de la conférence d’Ingrid Falaise, les étudiants ont été invités à développer leurs réflexions en petits groupes; puis le 26 mars, accompagnés par Mireille et Isabelle Grenier, ils ont travaillé ensemble à l’élaboration d’un plan de sensibilisation communautaire dans le domaine des services de santé, cela dans le cadre du « Défi Équipes de soins et services de santé (DÉSSS) » (1). « En tant que professionnels du travail social, nous pouvons réaliser l’emprise sous laquelle se trouve une personne. Mais il faut parfois du temps avant que la personne elle-même n’en prenne véritablement conscience. C’est à nous de l’écouter et de l’aiguiller vers les ressources dont elle a besoin, au bon moment. C’est à nous de lui faire réaliser la force et le courage qu’elle a en elle », insiste Liliane Dusabe, 38 ans, étudiante en 4e année du baccalauréat en travail social. Pour elle, l’avenir passe par une importante communication interprofessionnelle : « Quelles que soient nos spécialités, nous sommes tous concernés et nous devons tous travailler ensemble » pour faire reculer la violence conjugale et familiale.

(1) Organisé chaque année, le « Défi Équipes de soins et services de santé » engage les étudiants en santé inscrits dans divers programmes à travailler en équipe afin d’identifier les besoins et les priorités d’un patient et d’établir par la suite, un plan de soins interprofessionnel.

Le 15 avril 2021, 14 h


En mai dernier, je commençais mon stage professionnel à la Direction des services de laboratoire du réseau de santé Vitalité. Sur la route qui me conduisait à l’hôpital régional de Campbellton, je me sentais un peu fébrile à l’idée d’entamer mon premier stage rémunéré en administration publique. J’imaginais déjà ma contribution en tant qu’étudiante en maîtrise en gestion des services de santé. Je me disais : « Ça y est ! Je vais enfin pouvoir montrer ce dont je suis capable… »

Évidemment, en raison de la propagation et de l’élévation du nombre de cas positifs de COVID-19, le mandat de mon stage a été modifié en conséquence ainsi que sa durée, qui est passée de 12 à 17 semaines! Malgré tout, je me considère très chanceuse d’avoir eu l’occasion d’œuvrer en milieu hospitalier, dans un contexte de crise sanitaire mondiale.

Dès mon premier jour, j’ai été accueillie chaleureusement par l’équipe, ce qui a facilité mon adaptation à ce nouvel environnement. Les nouveaux dossiers qui m’ont été attribués m’ont permis de développer davantage mes capacités de leadership et mes compétences en gestion de crise durant la préparation et la mise en place des premières cliniques de dépistage de masse de COVID-19 au Nouveau-Brunswick.

En fin de compte, ce stage professionnel m’a fait sortir de ma zone de confort. Durant cette période, j’ai appris à surmonter divers défis personnels et professionnels; j’ai développé d’importantes compétences à travers différentes expériences sous la direction des services de laboratoire. J’ai eu la chance de bénéficier d’un excellent accompagnement; mon superviseur de stage a été un allié très important. Il m’a fait confiance, et partagé son expertise. Ses précieux conseils m’ont aidée à appliquer dans ce contexte particulier les concepts théoriques appris en cours. Par ailleurs, en collaborant avec d’autres professionnels sur différents projets au service de laboratoire, j’ai découvert la diversité de carrières qui s’offrent aujourd’hui à moi en tant que gestionnaire.

Et toi, comment anticipes-tu ton premier stage en santé ?

SR


Shanie Roy est ambassadrice étudiante pour le CNFS – Volet Université de Moncton. Ce journal est le neuvième billet d'une série où les ambassadeurs étudiants vous partageront des anecdotes de leur parcours étudiant. Demeurez à l’écoute !


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Le 8 avril 2021, 15 h


Cette 4e année de baccalauréat en science infirmière marque la fin d’une étape. En quatre ans, j’ai suivi plusieurs cours théoriques, en biologie, en psychologie, en français, en philosophie et dans bien d’autres disciplines. J’ai aussi, bien sûr, suivi des cours en science infirmière. Mais, de tout mon parcours, ce sont les stages que j’ai préférés !


En première année, j’ai suivi un stage en foyer de soins pendant deux semaines. C’est à partir de cet instant que j’étais certaine d’être dans le bon programme. Voilà tout ce que j’aime dans le programme en science infirmière : une priorité donnée à l’expérience réelle dès la première année !

En deuxième année, je suis allée à Tracadie faire un stage de deux mois en mai et en juin. J’ai appris encore plus sur cette profession. J’ai, pour la première fois, placé une intraveineuse, donné les médicaments aux patients et changé un pansement. J’ai aussi pu avoir en charge deux patients (et non plus un seul) ; accompagnée par la monitrice, j’ai appris à m’organiser en conséquence et à appliquer les bonnes méthodes pour diminuer mon stress.

En troisième année, j’ai pu mieux me rendre compte des différents rôles que peuvent endosser les infirmières grâce à un stage en santé communautaire. Là, j’ai découvert combien nous pouvions répondre aux besoins importants d’une communauté. Par la suite, j’ai travaillé en psychiatrie où j’ai appris notamment à améliorer mes techniques de communication thérapeutique. Enfin, j’ai découvert le travail en maternité : j’ai pris plaisir à partager mes connaissances avec les nouveaux parents et réapprendre les bons gestes aux parents d’un second bébé. 

Julie LeBouthillier est ambassadrice étudiante pour le CNFS – Volet Université de Moncton. Ce journal est le huitième billet d'une série où les ambassadeurs étudiants vous partageront des anecdotes de leur parcours étudiant. Demeurez à l’écoute !

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Le 16 février 2021, 11 hComme on le sait tous, l’Université de Moncton a fait un virage numérique après l’entrée du coronavirus dans nos vies, en mars dernier. Il peut être difficile pour les étudiantes et les étudiants de garder la motivation lorsqu’on doit travailler de la maison. C’est normal. D’autant plus que vivre en temps de pandémie peut être un moment stressant pour plusieurs d’entre nous… Pour vous aider à gérer cette période délicate, j’ai eu envie de partager avec vous mes petites (et grandes!) astuces, qui m’aident jour après jour à rester performante en dépit de tous les défis que représentent les cours à la maison. Attention : ce sont des trucs qui fonctionnent pour moi ; nous sommes tous différents et il est possible que ça ne fonctionne pas pour vous.

1. Avoir un espace de bureau propre et efficace : pour moi, il est beaucoup plus facile de rester concentrée si mon espace de bureau est aménagé pour cela. Par exemple, je m’assure d’avoir mon cahier de notes et mes stylos à la portée de la main pour prendre des notes. J’ai toujours une boisson avec moi, que ce soit du café, du thé ou de l’eau (vous pouvez prendre celle de votre choix!). J’ai aussi des collations pour ne pas avoir à me déplacer pendant le cours et pour maximiser mon focus sur celui-ci.

2. Utiliser des applications pour maintenir sa concentration : plusieurs applications gratuites cherchent à vous mettre au défi lorsque vient le temps d’étudier. Par exemple, l’application Flora vous aide à étudier avec vos amis en ligne. Le but de cette application est de promouvoir la concentration à l’aide d’un chronomètre (par exemple, des laps de 30 minutes d’étude).

3. S’établir un horaire d’étude : une autre technique qui m’aide énormément, c’est d’établir un horaire de la journée. Je me crée un horaire presque semblable à celui que je suivais lorsque j’étais à l’école secondaire, mais j’y inclus du temps pour relaxer, pratiquer mes passe-temps favoris, étudier, préparer à manger et, bien sûr, suivre mes cours, sans négliger mon temps de sommeil. Je prévois aussi des temps libres, où je n’ai rien besoin de faire dans mes journées, parce qu’être productif 24/7, ce n’est ni possible, ni réaliste.

4. Visiter des collègues (si permis) pour travailler sur les projets et/ou écouter les cours : personnellement, j’ai toujours été une personne sociale. J’ai donc beaucoup de difficulté à vivre cette pandémie. Ce que je trouve formidable, avec les bulles, c’est que je peux quand même aller chez des amies pour assister à mes cours. Certes, c’est un peu plus difficile de rester concentrée, mais d’être avec quelqu’un que l’on apprécie rend toute cette situation un peu moins pénible. De même pour les projets : si vous avez la chance de rencontrer votre partenaire pour travailler sur votre projet, faites-le. Cela va aussi vous éviter des problèmes de communication et faciliter l’écriture du projet.

5. Ne pas oublier de vivre : bien que l’étude soit nécessaire lorsque l’on est au postsecondaire, il ne faut tout de même pas oublier que nous sommes des humains et que nous avons des besoins de base à satisfaire. Passez du temps avec vos amis, avec votre famille, n’oubliez pas de vous nourrir, essayez d’avoir de bonnes habitudes de vie, faites un peu d’exercice et n’oubliez pas qui vous êtes. Nous sommes dans un temps de changement et il est normal qu’on se sente épuisé ou perdu dans tout cela. Restez fort!

Signé, la femme en quête de changer le monde.

Alexandra Gauvin est ambassadrice étudiante pour le CNFS – Volet Université de Moncton. Ce journal est le septième billet d'une série où les ambassadeurs étudiants vous partageront des anecdotes de leur parcours étudiant. Demeurez à l’écoute !

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Leurs histoires tragiques ont ému le Canada tout entier. Ingrid Falaise, autrice du livre Le Monstre, et les Jumelles Martyres, Mireille et Isabelle Grenier, seront les invitées de deux conférences d’envergure, organisées par le Conseil étudiant et le Projet de justice sociale de l’École de travail social, en partenariat avec le CNFS – Volet Université de Moncton, respectivement le 10 février et le 26 mars. Chaque conférence sera suivie par une activité de collaboration interprofessionnelle, qui amènera des étudiants en santé de différents programmes à réfléchir et à travailler ensemble.

Ingrid Falaise et Jumelles Martyres

Les étudiants en santé de l’Université de Moncton inscrits dans divers programmes se verront offrir l’opportunité rare d’éprouver et de développer leurs compétences indispensables à l’accompagnement de personnes, le 10 février auprès d’Ingrid Falaise, autrice du livre Le Monstre, et le 26 mars auprès de Mireille et Isabelle Grenier, mieux connues sous le nom des Jumelles Martyres. Ces personnalités seront les invitées exceptionnelles de deux grandes conférences virtuelles, organisées sur Teams par le comité organisateur.

Ce qui, à l’origine, ne devait être qu’une activité en ligne destinée aux étudiants de l’École de travail social « a rapidement pris de l’ampleur, avec l’idée d’inviter ces trois conférencières d’envergure. À notre grande surprise, il n’a pas été très difficile de les contacter. Toutes nous ont réservé un accueil chaleureux et ont accepté de collaborer au projet », précise Molly Roussel, présidente du Conseil étudiant de l’École de travail social.

« De notre côté, nous avons tout de suite vu le potentiel que pouvaient représenter ces conférences pour de nombreux étudiants inscrits dans différents programmes en santé, tant dans l’acquisition de compétences à l’échelle individuelle que dans leur apprentissage de la collaboration interprofessionnelle », ajoutent Marie-Lyne Caron, coordonnatrice des stages et responsable du Projet « Justice sociale » de l’École de travail social, et Marie-Josée Guérette, coordonnatrice de la collaboration interprofessionnelle à la Faculté des sciences de la santé et des services communautaires. « Dans le travail d’accompagnement des personnes, toutes les professions sont concernées ; de leur capacité à travailler ensemble dépend souvent l’avenir de la personne aidée. Nous avons donc présenté le projet à des étudiants de différents programmes, et celui-ci a été accueilli avec grand enthousiasme. Des étudiants en science infirmière, en nutrition, en criminologie et des participants au séminaire professionnel sur la collaboration interprofessionnelle se joindront donc aux étudiants en travail social pour assister aux conférences, puis participeront aux activités interprofessionnelles organisées aussitôt après. »

Ces activités amèneront les étudiants à travailler ensemble, par petits groupes, sur des thèmes précis. Elles seront animées par des étudiants en travail social, telle Cassandra Forand, étudiante en 1re année de la maîtrise en travail social à l’Université de Moncton : « En tant que travailleuse sociale, l’animation fait partie des compétences que l’on doit maîtriser à la fin de nos études. Ces activités interprofessionnelles m’offrent donc une belle occasion de gagner en aisance. Toute l’équipe des animateurs est accompagnée par Marie-Josée Guérette et Marie-Lyne Caron : celles-ci nous guident sur les questions à poser, et nous conseillent sur des points précis, par exemple l’art et la manière de reformuler les questions pour générer un maximum d’interaction ».

Les étudiants participant aux activités du 26 mars seront particulièrement choyés, puisque Mireille et Isabelle Grenier seront présentes : organisées dans le cadre du « Défi Équipes de soins et services de santé (DÉSSS) » (1), ces activités amèneront les étudiants à travailler ensemble à l’élaboration d’un plan de sensibilisation communautaire dans le domaine des services de santé.

(1) Organisé chaque année, le « Défi Équipes de soins et services de santé » engage les étudiants en santé inscrits dans divers programmes à travailler en équipe afin d’identifier les besoins et les priorités d’un patient et d’établir par la suite, un plan de soins interprofessionnel.